L’odyssée d’Athènes
L’odyssée d’Athènes

L’odyssée d’Athènes

L'Odyssée d'Athènes

Athènes, il y a 100 ans

« Quand je vis l'Acropole, j'eus la révélation du divin, comme je l'avais eue la première fois que je sentis vivre l'Evangile, en apercevant la vallée du Jourdain des hauteurs de Casyoun. »
Ernest Renan
Prière sur l'Acropole (1883)

Combien étaient-ils, foulant de leurs pieds la terre des Athéniens, eux, oublieux de la gloire passée des Grecs… Pourtant, quelques âmes éclairées refusaient de laisser sombrer ce glorieux héritage

En compagnie de l’un des traducteurs de l’Odyssée, le photographe Frédéric Boissonnas va tenter de retracer les grandes étapes du voyage d’Ulysse en ce début de XXe siècle.

L’objectif était de ressusciter Homère par le texte et l’image. 

Frédéric Boissonnas (1858 – 1946) se rend pour la première fois en Grèce en 1903 à la demande d’un lord anglais, Thomas George Napier. Enthousiasmé, il réitéra l’expérience en travaillant notamment au service des archéologues présents sur place.

La rencontre avec Victor Bérard (1864 – 1931), l’auteur de l’une des traductions majeures de l’Odyssée en français, donnera naissance à un vaste projet photographique autour de la Méditerranée.

Un chemin semé d'embûches

Ensemble, ils se lancèrent, lors de l’expédition de 1912, dans une vaste enquête de terrain, animés par une ambition singulière : ressusciter Homère non seulement par la plume, mais aussi par l’image.

Emberlificotés dans un projet d’ampleur, ils se mirent en quête de suivre les pas d’Ulysse, à travers des paysages mythiques et chargés de mystère. Des grottes de Calypso, où le héros aurait été retenu par la nymphe, jusqu’à la localisation hypothétique de l’île enchantée de Circé, chaque étape de ce périple visait à retrouver les échos des aventures millénaires du roi d’Ithaque.

Au bout du monde

Ils arpenteront ainsi les reliefs escarpés, de Gibraltar à l’îlot Persil, pour atteindre enfin le Monte Circeo, à quelque 80 kilomètres au sud-est de Rome. Victor Bérard, animé par sa fascination pour l’épopée homérique, verra dans les Champs Phlégréens, non loin de Naples, le berceau des Cyclopes, ces redoutables géants évoqués dans le chant IX.

Quant aux sirènes enchanteresses, peut-être se cachent-elles dans les eaux mystérieuses d’un petit archipel près de la côte amalfitaine, à quelques encablures de Capri. Malheureusement il n’existe aucune photographie pour en attester l’existence.

Après avoir sillonné de nombreux sites, chacun choisi avec soin pour évoquer les étapes mythiques du voyage d’Ulysse, et tenté de capturer l’essence de l’épopée à travers paysages et récits, leur périple touchera finalement à son terme. Cette longue quête, riche en découvertes et en réflexions, marquera la fin de leur mission.

Héritage et descendance

Un projet ambitieux, mêlant le texte de l’Odyssée aux photographies de l’expédition, fut envisagé un temps. Toutefois, la faillite des éditions Boissonnas vint brusquement en interrompre la réalisation.

Malgré cet échec, Frédéric Boissonnas poursuivra ses voyages en Grèce, multipliant les séjours dans cette terre antique qui le fascinait tant. Plusieurs collections d’ouvrages verront le jour, contribuant à faire de la Grèce un véritable joyau touristique, où l’art et la mémoire des Hellènes attireront les regards du monde entier, en bien comme en mal.

« Nous avons voulu évoquer les souvenirs de l’antiquité, de relever les trésors de l’Art grec enfouis encore ignorés du grand public, de décrire, non seulement les nouvelles provinces récemment rendues a la liberté, mais aussi ces terres malheureuses. »
Frédéric Boissonnas
(Épire, 1914)

Informations

Toutes les informations de cet article ainsi que les photographies proviennent du projet de recherche mené au département de géographie et environnement de l’Université de Genève.

Pour en savoir plus

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