La forêt au Moyen Age
De la geste médiévale à la gestion des ressources, la forêt est un espace de collecte, de préservation, de domination et un imaginaire en constante mutation.
Grand fil sur un lieu pas si commun. Nommer la forêt n’est pas aussi aisé qu’on le pense. De nombreuses dénominations parsèment son contour.
Le breuil, le saltus, le lucus, la silva, le nemus, le bosk et enfin la forestis. Des origines gauloises, germaniques et latines s’en partagent avec gourmandise le lexique.
Tous ces termes ne désignent pas la même chose, seulement des types de forêts ou de bois qui se différencient par la possession et son utilisation.
Car laissée à l’état sauvage ou prospectée, nul ne s’accapare la forêt comme bon le souhaite.
Si dans une période grossièrement située entre le Ve et le XVe siècle, nous disions que la forêt constitue une réserve de chasse à l’usage du souverain, la définition n’en serait pas fausse mais très limitée.
La forêt est un monde à part entière avec ses codes et ses interdits. Déjà exploitée dans les temps anciens, elle fera l’objet d’une véritable prédation au Moyen Age.
L’énergie que représente le bois a participé autant que les défrichements, si ce n’est plus, au très important retrait du monde boisé à ce moment-là.
Bien loin est l’image commune d’un lieu étrange, voire méconnu, où un chevalier peut s’y balader pour y trouver des fées et un monstre à occire, non loin d’un château abandonné.
La littérature hérisse de paraboles et de morales un lieu hautement accaparé et sans cesse défriché.
L’espace forestier est délimité par les puissants qui octroient des droits d’utilisation afin d’en retirer des profits. Ils y installent un cadre administratif, des usages codifiés et des recettes judiciaires en cas de transgression. Les monarques tenter à des degrés divers (annexion, confiscation) d’étendre ces mesures aux forêts des vassaux, nobles ou manants, laïcs ou clercs.
Le pouvoir royal affirme ses prérogatives et contrôlent ainsi ses reverses ligneuses, manne à assurer des approvisionnements. Véritables assisses territoriales et de recettes budgétaires, elles attirent des colons qui en cultivent ainsi des parcelles offertes, tandis que le concessionnaire réalise les investissements nécessaires à son exploitation. Mais si le miel et la cire rapportent davantage que le bois en lui-même, qu’en est-il de son exploitation ?
L’hagiographie religieuse va intercéder en faveur de certains animaux : le cerf blanc va remplacer le sanglier blanc dans l’imagerie des nobles où la chasse prend une place centrale. Chassé, le cervidé, semblable au Christ, n’était pas poursuivi jusqu’à la mort.
Contrairement à une idée reçue, plus on s’éloigne du haut Moyen Age, moins la forêt est perçue négativement. On n’est plus à l’époque de saint Eloi qui fît brûler les arbres sacrés de la forêt de Cuise, car les Francs de Chilpéric Ier honoraient les divinités forestières.
Le chêne prit alors une toute autre importance. Les sanctuaires liées à la Vierge fleurirent et des communautés monastiques, issues parfois d’une organisation érémitique, en gardaient certains aspects.
Toutes les informations de cet article proviennent de l’ouvrage : “La forêt au Moyen Age” des Éditions Les Belles Lettres. Ce sujet a été choisi par les abonnés après un vote. Il y a encore beaucoup à dire. D’autres articles connexes viendront dans les semaines à venir.