L’Histoire d’un costume qui a conquis le monde
L’Histoire d’un costume qui a conquis le monde

L’Histoire d’un costume qui a conquis le monde

L’Histoire d’un costume qui a conquis le monde

« Oui, l'habit ça flatte toujours ; et ce n'est pas moi qui suis élégant, c'est mon costume. »
Marcel Pagnol

En résumé

  • L’émergence du costume européen :

    • Le costume moderne, façonné au XIXe siècle par des figures comme Beau Brummell, devient un symbole de distinction en Europe et s’exporte rapidement, notamment au Japon sous l’ère Meiji.
  • Le costume, symbole de pouvoir et d’élégance :

    • S’imposant dans les milieux aristocratiques et professionnels, le costume européen incarne l’autorité, la réussite et l’héritage de la culture occidentale, tout en évoluant avec des détails comme les revers à piques.
  • Le costume face aux défis contemporains :

    • Aujourd’hui, le costume européen, souvent perçu comme un symbole de l’ancienne domination occidentale, est délaissé ou critiqué. Paradoxalement, il n’est plus défendu avec ferveur par ceux mêmes qui l’ont façonné, fragilisant ainsi l’héritage vestimentaire européen.

Le bon paraître

Le costume à l’européenne, en particulier le costume-cravate moderne, est le fruit d’une longue évolution vestimentaire remontant aux cours royales européennes du XVIIe siècle. Sous Louis XIV, le « Roi-Soleil », un code vestimentaire strict émerge à la cour de Versailles, symbolisant le rang social et la civilité. Ces vêtements sont portés pour affirmer le statut, mais aussi pour refléter une certaine discipline personnelle et des manières civilisées, que l’on attend alors de la noblesse et de la bourgeoisie.

À partir du XIXe siècle, avec l’essor de la classe bourgeoise, le costume évolue pour devenir plus simple et fonctionnel, se rapprochant de la forme que nous connaissons aujourd’hui. En adoptant le costume sombre, sobre et formel, les élites économiques cherchent à afficher un mélange de respectabilité, de discrétion et de sérieux. Ce vêtement se répand peu à peu dans toute l’Europe, puis au-delà, et devient synonyme d’ordre et de rigueur.

Le costume moderne exprime une adhésion aux valeurs de la société occidentale – réussite professionnelle, discipline personnelle, et respect des conventions. Bien qu’il ne véhicule pas directement les « bonnes manières », le port du costume est associé à des codes de comportement respectueux dans de nombreux contextes. Par exemple, dans le monde des affaires, le costume-cravate est un signe de professionnalisme qui impose souvent un comportement courtois et mesuré.

En somme, le costume européen ne représente pas à proprement parler les bonnes manières, mais il s’est historiquement imposé comme l’emblème d’une distinction et d’une discipline qui évoquent les valeurs de respectabilité et de civilité.

Illustration d'un tailleur de six costumes pour hommes

A l'anglaise

« Manners maketh man » (les bonnes manières font l’homme)

Cette phrase, datant du XVe siècle est attribuée à William de Wykeham, fondateur de Winchester College et New College à Oxford. Il affirme que l’éducation et la politesse sont essentielles au développement personnel.

En fait, La genèse du costume moderne trouve ses racines à la fin du XIXe siècle. C’est à Beau Brummell, pionnier du dandysme, que l’on doit son introduction à la cour royale d’Angleterre. Protégé du prince de Galles — futur monarque du Royaume-Uni et figure d’influence majeure — Brummell impose un style épuré et raffiné qui marque profondément l’élégance masculine.

Sous son impulsion, le costume revisité par ses soins franchit les frontières de l’Angleterre pour se diffuser dans tout le monde occidental, jusqu’à devenir un pilier incontournable de la mode masculine.

BrummellDighton1805
Caricature de Brummell, par Dighton, 1805.

Partage incontestable

Au fil du temps, le costume a subi de nombreuses métamorphoses, chaque époque ayant laissé son empreinte sur cette tenue devenue emblématique. Aujourd’hui, le costume n’est plus seulement une pièce d’élégance, mais un véritable uniforme du monde professionnel et des affaires, essentiel dans le vestiaire masculin.
Les Premières Ébauches du Costume

Les premiers costumes, conçus avec trois boutons et de petits revers crantés remontant haut, incluaient un gilet, symbole de distinction. On boutonnait alors les deux boutons supérieurs, créant une ligne verticale qui allongeait la silhouette. Avec le développement des villes et la montée de la pollution industrielle, les températures augmentent, poussant peu à peu les hommes à délaisser le gilet. Par la suite, la boutonnière glisse vers le bas de la veste, concentrée autour des trois boutons traditionnels, ajustant ainsi le style aux besoins d’une société en constante mutation.

De cette évolution, le costume est devenu bien plus qu’un simple vêtement : il est l’incarnation d’une élégance codifiée, symbole de professionnalisme et d’autorité, et signe d’appartenance au monde des affaires.

Illustration IA

Cette évolution du mode de vie moderne a mené naturellement à l’apparition du costume à deux boutons, caractérisé par une boutonnière plus basse qui dévoile élégamment le torse masculin. Pour accentuer cette mise en valeur, les pinces ont été ajoutées, sculptant la veste pour dessiner la silhouette en V.

Les revers en pointe, particulièrement prisés durant l’entre-deux-guerres, ont joué un rôle déterminant dans l’affirmation de cette forme en V. Initialement réservés aux vestes de soirée à boutonnage simple, ils ont rapidement fait leur entrée dans le vestiaire professionnel, s’intégrant aux tenues de jour tout en conservant leur allure formelle. De nos jours, ces revers à pointe, ou revers aigus, trouvent leur place dans tous les registres de la garde-robe masculine, qu’il s’agisse de tenues festives, formelles, ou de business, à la différence des revers crantés, plus strictement associés aux costumes professionnels.

La veste simple à revers en pointe est devenue une alternative prisée au costume croisé, moins formelle et plus légère. Contrairement à la veste croisée, qui impose un port fermé et garde davantage de chaleur, elle peut se porter ouverte, offrant une plus grande liberté et une ouverture plus large sur le torse, idéale pour les environnements variés du quotidien.

Illustration IA

Désiré, convoité et détesté

Après la Seconde Guerre mondiale, avec l’essor du prêt-à-porter en Occident – influencé par la culture américaine et ses icônes comme le jean ou le chewing-gum –, le costume à simple boutonnage s’impose, sa production étant plus aisée et adaptée à la fabrication de masse.
Le Costume Trois Pièces

Quant au gilet, il trouve son inspiration dans l’uniforme des garçons de poste anglais du XIXe siècle, principalement adopté pour sa capacité à protéger du froid en hiver. Jusqu’à récemment, le gilet accompagnait régulièrement le costume, mais la mode du prêt-à-porter favorise aujourd’hui le costume deux pièces, plus simple à produire.

Un costume trois pièces, cependant, reste un modèle de raffinement et de polyvalence. Le gilet, pour être bien porté, doit juste couvrir la taille du pantalon et s’arrêter légèrement au-dessus du bouton de la veste, sans masquer la cravate ni cacher les pans de la chemise. Il convient de l’associer à un pantalon à taille classique plutôt qu’à taille basse, afin de créer une transition harmonieuse entre la veste et le pantalon, sans dévoiler ceinture ni chemise, pour une silhouette élancée.

Illustration IA

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